Multinationales cherchent jeunes talents

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Recrutement de jeunes talents dans les grandes entreprises multinationales: mode d'emploi.
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26.04.2009

Multinationales: la chasse aux jeunes talents
Alexandre Haederli

Dans les sous-sols du siège genevois de Procter & Gamble, leader mondial des biens de consommation, on planche sur la sortie d’un nouveau parfum. Dans une ambiance studieuse mais détendue, une trentaine de personnes discutent, calculent et planifient le lancement du produit. Un travail d’équipe qui ressemble à n’importe quelle réunion dans une grande entreprise. En apparence du moins.

Car dans la salle, personne ne travaille pour Procter & Gamble. Tous sont en plein entretien d’embauche. Les deux tiers des candidats n’ont d’ailleurs pas terminé leurs études: ses futurs employés, la multinationale va les dénicher alors qu’ils sont encore à l’université.

Facebook à la rescousse

C’est qu’en matière de recrutement de talents, la concurrence entre employeurs est rude. Dans certains secteurs, il y a pénurie et l’on s’arrache les jeunes fraîchement diplômés. Un quart des grandes entreprises suisses disent avoir de la peine à recruter dans certains domaines comme l’informatique, le marketing et le management, selon un récent sondage effectué par le site Monster.ch.

Troisième employeur privé du canton de Genève, Procter & Gamble engage entre 150 et 200 personnes par an pour son siège où sont prises les décisions stratégiques qui concernent l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Pour faire son marché, l’entreprise qui commercialise des dizaines de marques allant de Pampers à Gillette en passant par de la nourriture pour animaux, mise avant tout sur une présence dans des universités européennes de référence. De plus, pour la première fois cette année, l’entreprise a envoyé des centaines de messages via Facebook, invitant les personnes intéressées à déposer en ligne leur candidature. Au total, 889 dossiers ont été envoyés.

Après un premier tri basé sur des tests de compétences effectués dans leur pays respectif, 35 finalistes, dont la moitié de femmes, sont retenus. En attendant de savoir s’ils obtiendront un job, ceux-ci ont déjà gagné un séjour de deux jours à Genève. Une opération à 90 000 francs, entièrement prise en charge par l’entreprise. «C’est une occasion unique de réunir ces candidats de toute l’Europe et de les faire se rencontrer, explique Blandine Dupray, responsable de ce recrutement organisé pour le département «Beauté». Leurs douze nationalités, qui représentent toute l’Europe de la Suède à Chypre, sont l’illustration de la diversité que l’on trouve chez Procter & Gamble.»

Des exercices pour beurre

Tous ont donc fait le voyage en Suisse et les voilà donc en train de se creuser la tête sur une étude de cas. «Le niveau est très bon. Avec la crise, un nombre important de gens hautement qualifiés postule», analyse Christian Bulla, brand manager qui supervise l’activité. C’est notamment le cas pour Sabrina, une candidate allemande de 24 ans, qui a étudié la finance à l’Université de Nice. Sa voie semblait toute tracée dans le secteur bancaire, mais au vu de la conjoncture, elle a décidé de se réorienter «vers quelque chose de plus concret», raconte-t-elle.

Lors du recrutement, une journée entière est dédiée au travail en groupe. Et si l’ambiance est bon enfant, c’est en partie parce qu’ils ne seront pas notés sur cet exercice. Rien à voir donc avec un processus de sélection éliminatoire, où l’on pousserait le candidat dans ses derniers retranchements. Ce ne sont pas les jeunes talents qui se plient en quatre devant leur futur employeur, au contraire: c’est avant tout l’entreprise qui cherche à plaire. «Avec cet événement, nous faisons connaître P & G et ses valeurs de l’intérieur. C’est du marketing appliqué aux candidats!» poursuit Blandine Dupray. Et à voir le groupe de candidats discuter assidûment avec les employés venus leur parler de leur travail durant la pause de midi, cela semble plutôt bien fonctionner.

Parmi les employés de Procter & Gamble, nombreux sont ceux qui ont été recrutés jeunes. A l’heure où les spécialistes des ressources humaines prônent la mobilité et prédisent de nombreux changements d’employeurs, la multinationale offre à ses jeunes recrues la perspective d’une carrière entière dans la maison. «Cela fait partie de notre philosophie: on engage de jeunes gens à la sortie des études, sans qu’ils soient formatés par d’autres entreprises et nous leur offrons des formations internes. Et lorsque nous aurons besoin d’un nouveau directeur financier, nous n’irons pas le chercher dans une entreprise concurrente. Nous puiserons dans notre vivier», précise Blandine Dupray.

Rallye en ville de Genève

L’année dernière, au cours du même recrutement, 28 candidats s’étaient vus proposer un contrat. «Tous avaient accepté, se réjouit Blandine Dupray. C’est un critère pour évaluer la réussite de l’événement!» Combien de candidats seront embauchés à l’issue du processus cette année? Impossible de le dire pour l’heure. «On recrute pour une fonction, pas pour un poste. Si nous avons envie de travailler avec quelqu’un nous l’engageons et ensuite on lui trouve une place de travail qui lui convienne. » Pas nécessairement dans le domaine qu’il a étudié d’ailleurs. A l’instar d’Oliver Markeson, 24 ans, titulaire d’une licence en littérature anglaise et candidat l’année dernière, qui est aujourd'hui chargé du marketing de parfums pour jeunes filles chez Procter & Gamble.

«Nous recrutons sur des valeurs. Toutes les personnes présentes ont les capacités intellectuelles requises. Mais nous cherchons des personnalités qui soient compatibles avec l’esprit Procter & Gamble. » Et pour mieux cerner les candidats, trois heures d’entretiens individuels auront lieu le lendemain. Mais pour l’heure, le programme prévoit un rallye en ville de Genève afin de leur faire découvrir les trésors de la ville où ils travailleront peut-être. S’ils le veulent bien.

Les candidats

«Lemarketing enligne,ça fonctionne!»

Beate Lohrmen 25 ans Allemagne

«J’ai fait ma thèse sur le marketing en ligne et, parmi l’échantillon de sites web analysés, il y avait celui de Procter & Gamble. C’est amusant parce que plus tard, j’ai utilisé ce même site pour postuler! Et je ne le regrette pas: ce séjour de quelques jours à Genève est très intéressant et très excitant.»

«Passer de la chimie… aux finances»

Timothy Hele 18 ans Angleterre

«J’ai étudié la chimie à l’Université d’Oxford et je serais très intéressé par un poste au département des finances chez Procter & Gamble. Il n’y a pas beaucoup de liens entre les deux domaines, sauf peut-être l’aspect mathématique qui me plaît. Jusqu’ici le recrutement se passe bien, nous sommes très bien accueillis.»